Le bal des folles, Victoria Mas

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Pour la rentrée littéraire, je me suis plongée dans la lecture du Bal des folles, de Victoria Mas, paru aux éditions Albin Michel. Je suis d’autant plus heureuse de vous donner mon avis sur cette lecture parce que j’ai eu l’occasion de pouvoir assister à la remise du Prix Première Plume attribué à l’auteure et la chance d’avoir pu faire dédicacer mon exemplaire.

Le bal des folles, Victoria Mas

Le bal des folles nous plonge en plein XIX siècle, en France, à la Salpêtrière, à Paris. C’est l’époque de la mi-carême, tout le Paris mondain se précipite au bal où se mettent en scène les internées de la Salpêtrière. Costumes de colombines, de gitanes, de zouaves ou de mousquetaires, le bal est une bouffée d’oxygène pour ces femmes renfermées 7j/7j, 24h/24h. Alors que le bal rythme la vie de ces femmes, nous suivons le destin de quatre d’entre elles, Louise, Eugénie, Thérèse et Geneviève.

Chacune de ces femmes est un point de vue sur la condition féminine à cette époque. Eugénie est envoyée par son père à la Salpêtrière parce qu’elle communique avec les morts, Louise est une jeune fille « abusée » par son oncle, Thérèse, une prostituée au grand coeur qui a eu le tort de jeter son souteneur à la Seine, et Geneviève, l’intendante dévouée au célèbre neurologue, le professeur Charcot.

Le professeur Charcot est connu pour avoir mis en scène ses malades, ses « hystériques », comme on les appelles. Il réunissait un tas d’interne, tous masculins, dans un amphithéâtre, pour faire des expériences sur l’une d’entre elles. Sa méthode préférée était de pratiquer l’hypnose pour provoquer une crise, soit disant à la gloire de la recherche médicale. L’une de ses malades est même devenue célèbre : Louise Augustine.

Les hystériques du Professeur Charcot

C’est d’ailleurs intéressant de la part de Victoria Mas, d’avoir appelait l’un de ses personnages Louise. Elle a dissocié le nom de la vraie femme, pour parler de son cas. En effet, Louise, dans le roman, rêve de devenir célèbre comme Augustine avant elle. Elle rêve de pouvoir à travers cette célébrité, quitter l’hôpital, pour vivre une vie tout à fait normal, au bras d’un mari et d’une famille. Louise m’a beaucoup touché, parce que c’est encore qu’une jeune fille. Elle n’a que seize ans et toute la vie devant elle. Pourtant… Pourtant elle prisonnière des murs de la Salpêtrière.

Eugénie est aussi une femme qui m’a énormément touchée. C’est peut-être à travers elle que je me suis le plus reconnue. Eugénie, est une demoiselle de bonne famille qui lutte chaque jours, avec les moyens dont elle dispose, pour s’affranchir du dictât de la figure paternel. Ce qu’elle veut, ce n’est pas vivre au bras d’un mari, ce qu’elle veut c’est être libre, indépendante. C’est une jeune femme intelligente qui a le don ou le malheur de parler aux défunts. Cette pointe de fantastique m’a énormément plu, notamment parce qu’elle est raccroché AU livre qui a fait le plus de scandale dans la société du XIX° siècle : Le livre des esprits, d’Allan Kardec. Allan Kardec, en quelques mots c’est le fondateur de la philosophie spirite, plus communément dit le spiritisme. Pour l’anecdote, je connais ce monsieur depuis très peu de temps, depuis quelques semaines à peine, après avoir regardé Kardec réalisé par Wagner de Assis. Un film que je ne vous conseille pas vraiment pour sa qualité cinématographique, mais qui peut être intéressant de voir pour comprendre comment ce livre a bousculé les mentalités.

Il y aussi Geneviève, le personnage que Victoria Mas a le plus apprécié écrire, et qui est, à mon sens, le pilier de ce roman. Elle est la société en mouvance, le regard changeant sur le monde patriarcal. Et puis Thérèse, cette femme qui se sent protégée au sein des murs de la Salpêtrière…

J’ai lu quelques avis sur ce roman pendant ma lecture, certains, disaient que le sujet était traité en superficie par Victoria Mas, comparé à La salle de bal d’Anna Hope. Pour ma part je n’ai pas d’objet de comparaison, et je ne pourrais m’en fier qu’aux sentiments que m’a procuré la lecture de ce livre.

J’ai été révoltée et attendrie par ces femmes que l’on prive de liberté pour des raisons diverses et variées. J’ai été choquée par ce bal de la mi-carême, de la même manière dont j’ai été choquée lorsqu’au lycée j’ai appris que l’on exhibait derrière des barreaux, tels des animaux, des personnes d’origine africaine lors des expositions universelles.

citation Le bal des folles victoria mas edition albin michel

L’écriture de Victoria Mas est fluide. Et bien qu’elle dit elle-même que ce roman ne se veut pas féministe, il l’ai en partie par le sujet traité. En étant femme, il nous ai impossible de ne pas s’identifier à l’une d’elles. Même si, aujourd’hui notre condition est bien meilleure, il reste du chemin à parcourir pour que les femmes soient l’égal de l’homme.

Entre autre j’ai adoré ce roman ! Donc si l’envie vous titille d’ouvrir ses pages, n’attendez plus, cette histoire n’attend que vous. 

excellente lecture

 

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