La cuisinière, de Mary Beth Keane

BONJOUR TOUT LE MONDE

C’est avec beaucoup de retard que je vous écris cette chronique. Il me semble avoir lu ce livre au mois de Juin… Mais comme nous dit ce bon vieux dicton « mieux vaut tard que jamais ! »

Sans titre

La cuisinière est un roman écrit par Mary Beth Keane. Paru originellement aux éditions Presse de la Cité, je me le suis procuré aux éditions 10/18

Ce roman tiré d’une histoire vraie, nous narre l’incroyable histoire de Mary Mallon, immigrée irlandaise arrivée seule à New York à la fin du XIX° siècle. Elle travaille comme lingère avant de se prendre de passion pour la cuisine. Malheureusement, dans toutes les maisons bourgeoises où elle officie, les gens contractent la typhoïde, certains, même, en meurent. Toutefois, Mary n’est pas malade. Elle ne présente aucun symptôme de la maladie. Les médecins finissent par s’intéresser à son cas, la considèrent très vite comme dangereuse et l’envoi vivre en quarantaine sur une île au large de Manhattan. C’est la première personne reconnue porteur sain de la fièvre typhoïde.

Cette histoire est folle ! D’autant plus lorsque l’on se met à la place de cette pauvre femme qui a été arrachée à sa vie quotidienne pour vivre recluse toute sa vie sur une île traitant les cas de typhoïdes.

L’enjeu de l’histoire n’est pas de savoir si elle va s’en sortir ou non. On sait par avance, qu’elle restera sur l’île jusqu’à sa mort. L’enjeu de l’histoire est de comprendre, d’une part comment la médecine a pu, sous couvert de la recherche médicale, reclure une femme loin de son monde : de son appartement, de son conjoint, de son quotidien. Comment les juges ont-ils pu déclarer coupable cette femme au premier aspect innocente, l’empêchant par ailleurs d’exercer la profession qui la caractérise ? D’autre part, l’enjeu est de comprendre l’état psychologique de cette femme qui a tout perdu du jour au lendemain.

Tout au long du récit, nous suivons le jugement de Mary Mallon. A travers son jugement, nous apprenons à mieux la connaître. A connaître son histoire, son passé, son enfance, et son présent. On découvre une Mary Mallon, forte et courageuse ; totalement indépendante. On découvre une femme un tantinet à la frontière de la société dans laquelle elle évolue. Son procès est-il un procès d’ordre médico-sanitaire, ou bien est-il le procès d’une femme peu conventionnelle ? Je ne saurais le dire. Ce que je peux affirmer ici, c’est que Mary Mallon a proclamé son innocence toute sa vie, et ce jusqu’au jour de sa mort.

citation la cuisiniere

Mary Beth Keane nous laisse être notre propre juge dans cette histoire. A nous, lecteur, de définir si Mary Mallon est coupable d’avoir tuée une cinquantaine de personnes, si être porteur sain veut dire par la même occasion être meurtrier et coupable de meurtre.

D’un autre côté, l’histoire est intéressante parce qu’elle nous plonge dans une époque où la médecine est en pleine progression. C’est le temps des grandes épidémies, des évolutions sur l’hygiène des villes… Mary Beth Keane nous décrit bien l’atmosphère ambiante de New-York à cette époque, l’eau sale, les fumées des usines et des chemins de fer…

Par contre, d’un point de vue littéraire, même si j’ai beaucoup aimé le sujet traité, je me suis souvent plaint intérieurement des répétitions constantes des réflexions de l’héroïne. Il me semble que l’évolution du personnage stagne un peu au fur et à mesure du roman. Même si on sent cette hargne de liberté, Mary Mallon, parfois m’a paru un peu trop en colère. J’ai eu du mal à m’attacher complètement au personnage. Peut-être bien que c’était le but de l’auteur… Mary Mallon, est connue pour son caractère farouche.

C’est une lecture très intéressante, qui me reste marqué en mémoire, par son sujet. Toutefois, cette histoire ne conviendra pas aux lecteurs n’aimant pas les récits lents. Il n’y a pas d’objectif de surprendre le lecteur avec cette histoire, mais plutôt l’objectif de comprendre ; d’essayer du moins. Les personnes voulant aller plus loin sur le sujet, il y a un tas de références bibliographiques à la fin du livre. J’avais également lu le projet d’une adaptation en série, avec pour jouer Mary Mallon, l’actrice de The Handmaid’s Tale, Elisabeth Moss. Mais cet article datait de 2017… Aucune nouvelle depuis.

TRE BONNE LECTURE 3

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2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Ma Rie dit :

    Le XIXème siècle n’est pas si lointain que ça et pourtant, la médecine avait encore tellement de progrès à faire ! Le cas de cette pauvre femme est édifiant… Qu’elle soit condamnée à une réclusion à vie est tellement injuste et en même temps, cela reflète aussi les limites et l’impuissance du corps médical de l’époque, qui ne l’a sûrement pas fait avec cruauté mais parce qu’il n’y avait pas d’autres moyens.
    Ce roman est dans ma PAL depuis un bon moment (plus de deux ans, c’est sûr) mais des avis très mitigés m’avaient fait hésiter… Bien sûr, ayant le livre, je le lirai un jour, c’est certain mais cela m’a fait hésiter et j’en ai repoussé la lecture. Allez, peut-être cet hiver… Ton avis m’a convaincue de le lire rapidement, ne serait-ce que pour découvrir le destin hors du commun quoique bien triste de cette Mary Mallon…

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  2. Tout ce que tu dis est vrai ! Le XIX siècle n’est pas si loin pourtant il y a un monde entre nos deux époques. Tout est allé si vite, trop vite peut-être… Toutefois comme tu le dis si bien, il n’avait sûrement pas d’autres choix que de la condamnée à une réclusion à perpétuité, mais tu pourras te faire ton propre avis sur la question en lisant le roman. Le point de vue défendu dans le livre laisse des portes ouvertes à ce genre de réflexions. Quoiqu’il en soit, cette pauvre femme a été arrachée à sa vie. C’est bien triste…

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