Filles de la mer, Mary Lynn Bracht

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Filles de la mer
Filles de la mer, Mary Lynn Bracht, éditions Robert Laffon

Je suis si heureuse de vous présenter mon dernier coup de cœur ! Lu dans un marathon de 24h top chrono, je me suis littéralement perdue dans l’histoire de ces deux sœurs coréennes arrachées l’une à l’autre par les affres de la guerre.

Bien que sortie en janvier 2018 aux éditions Robert Laffont, j’ai ouvert les pages de cette histoire plus d’un an et demi plus tard. Je vous conseille d’en faire tout autant si vous aimez les fictions historiques et les combats de personnages féminins pour se relever de traumatismes forts desquels on n’en sort pas tout à fait indemne.

Pour l’histoire, nous sommes en 1943, en Corée. Hanna est une haeneyo. Une haeneyo, est une femme plongeuse en mer, une tradition se perpétuant de mères en filles. Toute sa vie elle a vécu  sous l’occupation japonaise. Sur l’île de Jeju, elle jouit d’une indépendance rare par rapport aux autres coréennes, grâce à son statut d’haeneyo ; jusqu’au jour où Hana sauve sa sœur cadette, Emi, d’un soldat japonais, se laissant enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d’autres coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie. Emi passera sa vie à la rechercher, essayant inlassablement d’oublier le sacrifice que sa sœur lui a fait.

Le récit est composé en deux temps, entre deux époques. Si vous me connaissez bien, vous savez que j’aime beaucoup ce genre de composition. D’une part nous suivons le récit d’Hanna en 1943. D’autre part, nous suivons celui d’Emi en 2011.

Bien entendu, j’ai été extrêmement touchée par le destin d’Hanna. Tout au long de ce récit nous subissons avec elle les horreurs que lui font subir les soldats japonais. Un quotidien de malheurs et de violence. Et tout au long du récit, l’on se demande si elle arrivera à s’en sortir en vie.

De l’autre côté, le récit d’Emi m’a émue différemment. Emi est certes un personnage pour lequel j’ai été sensible par sa détermination à retrouver sa sœur. Mais ce qui m’a le plus frappé c’est que le Japon et la Corée n’assument toujours pas complètement cette partie sombre de leur histoire. Depuis la première prise de parole d’une de ces femmes de réconfort, en 1991, des manifestations se sont déroulées une fois par an pour demander justice auprès de toutes ces femmes qui ont été martyrisées, en vain…

Séoul, décembre 2011.
Les manifestants scandent des slogans devant l’ambassade du Japon. Emmitouflés dans leurs manteaux les plus chauds, bonnets sur la tête, brandissant des banderoles de leurs mains gantées, ils crient : ‘Le Japon doit reconnaître ses crimes. Justice pour les grand-mères.’ La voix d’un homme résonne dans un mégaphone : ‘Reconnaissez vos crimes de guerre, pas de paix tant que le Japon n’admettra pas sa culpabilité !’ Près du portail, quelqu’un crie à son tour : ‘Toutes les guerres sont des crimes contre les filles et les femmes de ce monde [violées] !

J’ai également adoré découvrir la tradition des haeneyo, ces femmes plongeant en apnée au fond des mers pour pêcher. Depuis des millénaires, la pêche est une activité d’hommes, mais ils s’arrêtèrent de pêcher pour de multiples raisons, d’abord parce que de lourdes taxes leur étaient allouées, mais aussi parce que leur carrure ne leur permettait pas de plonger en apnée aussi longtemps que les femmes. Les femmes retiennent leur souffle pendant deux minutes et plongent à une vingtaine de mètres de profondeur. C’est énorme ! De cette manière, sur l’île de Jeju, les rôles se sont inversés. Les femmes subviennent au bien-être financier de leur foyer alors que les hommes s’occupent des enfants. Aujourd’hui elles sont de moins en moins nombreuses. On reconnaît les haeyeno notamment pour leur combinaison en coton blanc et leur bouée sur le dos.

Dans le récit d’Emi, on peut aussi prendre conscience du déclin de la tradition notamment dû à la difficulté des mères de faire prendre la relève à leurs filles, qui pour beaucoup, préfèrent faire des études au dépend d’une vie plus archaïque au fond des océans.

Filles de la mer est le premier roman de Mary Lynn Bracht. L’écriture est simple et fluide, permettant au récit de se dénouer au fil des pages. C’est un roman se lisant d’une seule traite, un roman qui marque notre vie de lecteur par le sujet qui y est traité. Je recommande à toutes les personnes aimant les fictions historiques et les destins de femmes.  Vous pouvez aussi le trouver en format poche. A lire en été, bercé par le chant des vagues, les pieds dans l’eau. 

notation coup de coeur

 

SIGNATURE

 

7 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Ce livre est bouleversant !

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  2. Angelilie dit :

    J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.

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  3. C’est gentil merci beaucoup ! Je suis ravie que mon blog vous plaise. J’y manquerais pas ! A bientôt !

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  4. ceciloule dit :

    Ces romans à la construction double me plaisent en général, j’aime bien l’idée d’un présent et d’un passé entremêlés… ce que tu écris au sujet de ce livre achève de me convaincre 😉

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  5. Super ! Ça me fait plaisir ce que tu me dis là ! Tu verras cette lecture est vraiment poignante! N’hésites pas à me donner ton avis lorsque tu l’auras lu. ☺️

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  6. ceciloule dit :

    Avec plaisir 😉

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